Guide : Comment skier en poudreuse (PMTS) ?

Si vous lisez ces lignes, c'est probablement que vous avez déjà tenté de skier en poudreuse, et cela a été plus difficile que vous ne l'aviez imaginé. Vous avez peut-être eu du mal à tourner où vous le vouliez, vos skis ne suivaient pas, vous étiez souvent en arrière, et après 4 ou 5 virages, vos cuisses brûlaient. Pour moi aussi, c'était frustrant au début. En 2013, lors de mes premières sorties en poudreuse, j'ai ressenti ces mêmes difficultés. Malgré cela, je ressentais le bonheur de glisser dans cette neige incroyable.


Depuis, j'ai eu l'opportunité de skier dans la poudreuse du Japon et d'autres lieux, et j'ai surmonté ces obstacles. Ce guide rassemble ce que j'ai appris et ce que je propose à mes élèves pour progresser et skier en poudreuse avec plus de facilité et donc, de plaisir.


Dans ce guide, vous trouverez des conseils pratiques sur les mouvements fondamentaux à maîtriser, des ajustements techniques spécifiques à la poudreuse, ainsi que des recommandations sur l'équipement et la sécurité. Mon but est de vous donner les outils nécessaires pour faire de chaque sortie en poudreuse une expérience positive, et non une source de frustration.

Est-ce que la technique est différente en poudreuse ?

En résumé, la technique de base reste la même que celle utilisée sur piste damée, mais avec des adaptations spécifiques nécessaires aux particularités de la neige poudreuse.


Les mouvements fondamentaux de la technique PMTS que j’utilise et que j’enseigne — la libération, le mouvement fantôme, la flexion des jambes, ainsi que la coordination du haut du corps (comme le contre-balancement, le counteracting et le planté de bâton) — sont toujours utilisés, mais dans une version perfectionnée : plus précis, plus dosés, réalisés à la demande, et parfois plus rapides.


Ces ajustements sont indispensables pour faire face aux conditions uniques de la poudreuse. Cela implique un contrôle plus fin des pressions, une meilleure synchronisation des mouvements, et une adaptation à la densité irrégulière de la neige poudreuse.


Le PMTS (Primary Movements Teaching System) propose des mouvements précis qui facilitent l’adaptation à la neige poudreuse, en axant globalement la progression sur la libération des skis, la répartition des pressions et le contrôle du haut du corps. Ces éléments sont cruciaux, non seulement pour maintenir un bon équilibre, mais aussi pour permettre au skieur de réagir rapidement aux particularités de la neige plus profonde.

Bonne nouvelle !

Pendant longtemps, je pensais qu'il fallait attendre de grosses chutes de neige pour avoir suffisamment de poudreuse et pouvoir vraiment apprendre à skier dedans. Vivant en station, j'attendais chaque chute comme un événement exceptionnel. Quand Mike, un ami moniteur de ski avec une grosse expérience en poudreuse, m'appelait pour me prévenir de conditions idéales, devenant ainsi mon "guide de poudreuse", j'étais enthousiaste — l'approche vers la zone de poudreuse, souvent en forêt et accessible par télésiège, était déjà magique. Mais cette euphorie était souvent suivie par la frustration : après quelques descentes non satisfaisantes, j'étais forcé d'attendre la prochaine neige fraîche, sans aucune garantie que les conditions seraient parfaites — que ce soit en termes de quantité, d'humidité ou de qualité de la neige.

Ce que j'ai appris qui est vraiment nécessaire en poudreuse

Le problème avec cette approche c’est que la pratique de la poudreuse était rare et incertaine — il fallait être là au bon moment, dans un endroit où il neige souvent. Ces conditions m'étaient plus accessibles vivant en station mais restaient incertaines. Et elles sont donc encore moins accessibles si vous ne vivez pas en station ou ne pouvez pas vous libérer au bon moment, malgré la quête de nombreux skieurs de bien maîtriser la poudreuse.

C'est dans ces moments que j'ai appris ce qui était vraiment nécessaire pour profiter pleinement de la poudreuse :

  1. une technique générale solide, efficace et transférable dans toutes les conditions;

  2. des skis adaptés — de préférence des skis de freeride larges pour faciliter la flottaison;

  3. la maîtrise des virages courts, pré-requis presque indispensable.

Changement d'approche

J'ai alors changé d'approche. En perfectionnant mes mouvements et mes virages sur piste damée, je construisais une base technique solide, directement transposable en poudreuse. Cela m'a permis de transformer chaque journée sur piste en une opportunité d'améliorer mon ski tout-terrain, y compris en poudreuse. Ainsi, lorsque la neige fraîche était enfin là, je pouvais appliquer ces compétences et profiter pleinement, sans frustration. Chaque sortie en poudreuse devenait une véritable récompense.

La bonne nouvelle, c'est que vous n'avez pas besoin d'attendre qu'il neige pour progresser dans la poudreuse. En perfectionnant vos mouvements et vos virages sur piste damée, vous construisez une base solide. L'entraînement sur neige damée vous permet de développer les automatismes nécessaires, ce qui facilitera les adaptations spécifiques les jours où vous aurez la chance de skier dans la poudreuse.

Ainsi, lorsque la neige fraîche est là, vous pourrez appliquer ce que vous avez appris en ajustant progressivement vos sensations et vos mouvements pour tenir compte des particularités de la neige poudreuse.

Ce qu’il vous faut pour bien skier en poudreuse (les 3 besoins)

Premiers pas en poudreuse

Avant de rentrer dans les détails, si vous n’êtes pas encore un skieur accompli en poudreuse, commencez par vous familiariser avec la neige fraîche vierge sur une pente relativement douce, telle qu'une piste verte ou bleue. Un bon début consiste à pratiquer de petits rebonds combinés avec une inclinaison latérale des pieds pour amorcer les virages (plus d’info sur ce mouvement essentiel ici). Cela vous aidera à vous exercer à engager les skis tout en développant une sensation de la profondeur de la neige et de la réponse des skis.

Besoin n°1 :
Maîtriser les fondamentaux des virages parallèles contrôlés

Pour skier efficacement en poudreuse, il est crucial de bien maîtriser les fondamentaux des virages parallèles contrôlés. Ces techniques, développées grâce aux exercices de construction des virages parallèles contrôlés et des virages courts, vous apporteront équilibre, contrôle et aisance sur tous types de neige, y compris la poudreuse. Voici les éléments clés : 

Le mouvement fantôme

Il connecte les mouvements qui permettent des faire des virages parallèles plus facilement et avec moins d'efforts que ce soit sur neige damée, non damée, dans les bosses, en poudreuse. Le principe est de lever le talon du ski gauche et de l’incliner vers la carre extérieure (côté petit orteil) pour un virage à gauche.

Découvrir ce mouvement en détail ici.

La libération des skis à 2 pieds avec un transfert d’équilibre progressif

La libération consiste à fléchir la jambe du bas (extérieure) et diminuer l’angle du ski de support (ski du bas) lors de la transition. En poudreuse, cela permet une répartition équivalente de la pression sur les deux skis plus progressive et plus douce à ce moment là, aidant ainsi les skis à flotter entre les virages.

Découvrir ce mouvement en détail ici ou ici.

Le super mouvement fantôme avec un transfert d’équilibre complet et rapide

Ce mouvement est particulièrement utile lorsque les conditions de neige deviennent plus exigeantes. Il consiste à combiner la libération + le transfert d’équilibre en un seul mouvement dynamique et rapide, c’est à dire à plier la jambe de support sous vous tout en inclinant le ski vers sa carre extérieure (côté petit orteil), Il s’agit d’un transfert d’équilibre du ski du bas vers le ski du haut à la transition. L’équilibre est transféré vers la carre extérieure (côté petit orteil) du ski du haut. Autrement dit, le ski du haut reste sur sa carre externe pendant la réalisation de cette combinaison.


Ce mouvement offre une réactivité importante, indispensable dans des conditions de neige plus compliquées (non damées, bosses, tas de neige, neige trafolée…) et en poudreuse par exemple quand le ski extérieur reste “attrapé” dans la neige il permet de ramener le ski de support (ski extérieur) au niveau de l’autre ski lors de la transition pour une libération efficace. C’est le secret de la synchronisation des skis. En général, le SMF permet d'éviter les déséquilibres ou l'ouverture des skis en stem, assurant une entrée dans le prochain virage plus rapide et plus contrôlée.


Découvrir ce mouvement en détail ici.

Coordination du haut et du bas du corps

Le ski en terrain expert (neige non damée, bosses, poudreuse), demande des mouvements complémentaires (secondaires) de ceux des pieds/jambes (mouvements primaires). Il ne s’agit pas là de position mais d’une combinaison de mouvements précis qui supportent les actions d’inclinaison latérale des pieds/skis.
Vous devez apprendre à bouger le haut du corps (depuis le bassin jusqu’à la tête) séparément, en réponse aux mouvements du bas du corps. La coordination haut et bas du corps est fondamentale. Un usage approprié du counteracting et un planté de bâton stabilisateur aident à maîtriser l’équilibre et faciliter la libération et l'enchaînement des virages.


Découvrez les mouvements complémentaires spécifiques pour le haut du corps en détail ici.

Ces compétences, lorsqu’elles sont bien développées, se transfèrent naturellement à la neige poudreuse. Bien que la maîtrise parfaite de ces mouvements sur les pistes damées ne soit pas indispensable, elle constitue un atout majeur pour réussir en poudreuse. Découvrir et pratiquer ces mouvements sur piste permet de les automatiser, ce qui facilitera ensuite leur application dans des conditions plus variables comme la neige poudreuse.

*(Textes de référence, livre "Anyone can be an expert skier 2" de Harald Harb)

Besoin n°2 :
Maîtriser les virages courts

Pourquoi ces virages sont essentiels pour développer le contrôle nécessaire en poudreuse ? En poudreuse nous avons besoin de la maîtrise des virages courts qui se caractérise par un transfert d’équilibre rapide avec le super mouvement fantôme qui est une version perfectionnée du mouvement fantôme. Donc prenez le temps d’apprendre et de pratiquer le SMF ou de commencer par le MF si vous n’êtes pas familier. La maîtrise des virages courts est un prérequis essentiel pour bien skier en poudreuse, et ce pour plusieurs raisons :

Contrôle et adaptabilité

En poudreuse, les conditions de neige peuvent varier énormément, parfois d'un virage à l'autre. Les virages courts permettent au skieur de réagir rapidement aux changements de terrain, qu'il s'agisse d'une accumulation plus dense de neige, de variations dans la pente, ou d'obstacles cachés tels que des bosses.


La capacité à enchaîner des virages courts de manière fluide est un atout majeur, car cela permet de conserver un bon rythme et un contrôle constant, qui sont essentiels pour naviguer efficacement dans la neige profonde.

Transfert d'équilibre et fluidité

Le PMTS met un grand accent sur la libération et le transfert d’équilibre entre les skis. Les virages courts permettent de maîtriser ce transfert de manière plus précise, en particulier dans des conditions de neige instable.


En poudreuse, il est crucial d'être capable de relâcher la pression sur les skis tout en maintenant une fluidité de mouvement. Les virages courts enseignent exactement ce genre de maîtrise : comment libérer et engager les skis efficacement tout en maintenant une bonne position centrée.

Réactivité

Dans la neige profonde, il n'y a pas de réponse directe du ski sur une surface ferme (comme sur une piste damée). En maîtrisant les virages courts, un skieur apprend à générer les mouvements nécessaires pour contrôler les skis, même dans des conditions où le retour d'information sous les pieds est limité.

Coordination

Les virages courts impliquent une bonne coordination entre les membres inférieurs et supérieurs, ainsi qu'un bon usage du planté de bâton. En poudreuse, le planté de bâton joue un rôle crucial pour assurer la continuité et la fluidité des virages en aidant au positionnement optimal du haut du corps, notamment en fin de virage.


Les mouvements rapides qui accompagnent les virages courts aident aussi à préparer le skieur aux transitions rapides, souvent nécessaires en poudreuse lorsque le skieur doit ajuster sa trajectoire sans délai.

Gérer l'équilibre en terrains variés

La poudreuse demande un équilibre dynamique, souvent modifié par la résistance de la neige. Les virages courts enseignent au skieur à être réactif, à maintenir les jambes sous le corps tout en réagissant aux sensations de flottement et de variations de pression, ce qui est particulièrement utile lorsque la neige est irrégulière.

Maîtriser les virages courts est non seulement un prérequis pour la poudreuse, mais c'est aussi une compétence qui renforce la sécurité, la confiance, et l'efficacité en terrain non damé. Les virages courts enseignent au skieur comment manipuler ses skis dans des espaces réduits, comment ajuster la pression et la trajectoire en fonction du terrain, et comment maintenir un rythme qui permet de skier la poudreuse sans épuiser le corps inutilement.


Construisez les bases des virages courts avec le programme “Virages parallèles contrôlée et apprenez les bases des virages courts avec la catégories “transition vers les virages courts”

Automatisation des mouvements

Il est impossible de penser à tous ces éléments en skiant, surtout en poudreuse. C'est pourquoi je vous recommande de transformer ces mouvements fondamentaux en réflexes. Transformer ces mouvements en réflexes ne se fait pas du jour au lendemain. Cela nécessite une pratique répétée sur piste damée, afin que les mouvements deviennent instinctifs, surtout lorsque la neige est imprévisible.


De cette façon, vous pourrez vous concentrer sur les adaptations spécifiques à la poudreuse, comme la gestion des pressions sur les skis ou la gestion du pied libre intérieur et la gestion de la jambe de support extérieure. Il est impossible de prévoir toutes les irrégularités de la neige, c'est pourquoi automatiser ces mouvements est crucial pour vous concentrer sur les sensations.

Besoin n°3 :
Connaître les exigences particulières du ski en poudreuse

Le positionnement des jambes et des skis

Les jambes et les chaussures doivent être rapproché l'une de l'autre, et les deux skis doivent agir comme une seule plateforme pour bien flotter et skier en poudreuse. Le ski intérieur n’aura qu'une seule envie c’est de s’écarter du ski extérieur (ski de support). Il faudra donc se concentrer pour garder la chaussure du pied intérieur prêt du ski de support tout en inclinant le pied vers son bord côté petit orteil.


Les jambes sont indépendantes aussi comme sur une piste de ski. Pendant le virage, la jambe extérieure est plus dépliée que la jambe intérieure qui est plus pliée car les skis sont en angle. Quand les skis sont en angle, les jambes sont en angle aussi et le centre de gravité vers l’intérieur de la courbe. Afin de garder le contact des skis dans la neige, les jambes ne peuvent pas être de la même longueur. Il y a donc un écart vertical. Les skis peuvent être écartés sur le plan vertical mais pas trop sur le plan horizontal.

Garder les skis au même angle

Ça n'est pas vraiment une particularité du ski en poudreuse car c’est essentiel sur neige damée aussi (et toutes les autres neiges). Les effets des skis qui ne sont pas au même angle sont plus importants en poudreuse et plus déstabilisant. S'ils ne sont pas au même angle, chaque ski prendra une direction différente et ce n’est pas ce que l’on cherche.


Une fois inclinés, les skis agissent comme un gouvernail, ils se cintrent grâce à l’accumulation de la neige et changent de direction. Il faut compacter autant de neige sous le ski extérieur que sous le ski intérieur pour qu’ils changent de direction ensemble. Conséquence : cela demande très peu d’effort physique pour tourner, simplement un mouvement d’inclinaison des pieds.

La gestion des pressions

Cela signifie qu’il faut savoir répartir subtilement la pression entre les deux skis et ajuster cette répartition en fonction des besoins du virage. On distingue la libération des skis en fin de virage avec une répartition progressive visant l’égalité, et pendant la courbe il y aura une pression légèrement plus importante sur le ski extérieur du fait de l’équilibre un peu plus majoritaire sur cette jambe.


Par conséquent, nous jouons aussi bien avec le fait d'équilibrer la pression sur les deux skis, qu'avec l'augmentation et la diminution de la pression d'un ski à l'autre pour ajuster la flottaison des skis. En poudreuse, le manque de pression ou la suppression d’un ski se ressent beaucoup plus que sur neige damée avec l’enfoncement du ski dans la neige ou son retour à la surface, d’où la subtilité de l’ajustement. Autrement dit, créer de la pression en étendant une jambe entraînera l’enfoncement du ski dans la neige, tandis que fléchir et rétracter la jambe permettra au ski de revenir à la surface.


Lors de l’engagement des skis (inclinaison latérale des pieds/prise d’angle) après la libération et le transfert d’équilibre, la jambe extérieure sera plus déplié que la jambe intérieure. Dans ce contexte, ajuster la pression sur les 2 skis ne signifie pas que les jambes ont la même longueur. Le secret est de maintenir une pression quasiment égale légèrement majoritaire sur le ski extérieur tout en maintenant cette jambe plus dépliée et l’intérieur plus pliée/fléchie sous vous. Le degré de flexion de la jambe intérieure dépend de l’angle des ski, plus il y a d’angle plus la jambe intérieur sera pliée.

La libération à deux pieds avec son transfert d’équilibre progressif

Une libération à deux pieds est recommandée en poudreuse. Bien que vous soyez plus équilibré sur le ski extérieur (ski de support) le rendant plus chargé pendant les virages, à la transition la pression doit être répartie sur les deux skis de manière égale lorsqu’ils sont à plat sur la neige. Toujours pendant le virage, la jambe de support (jambe extérieure à la courbe) devrait être plus dépliée, ce qui lui confèrera une amplitude plus importante de flexion disponible à la transition pour ramener les skis à la surface.

En poudreuse, il est idéal de maîtriser le transfert d’équilibre progressif ET le transfert d’équilibre complet et rapide (Super mouvement fantôme) afin de pouvoir s'adapter aux conditions changeantes de la neige :

Privilégier la libération des deux pieds avec transfert progressif :

  • Cette approche est celle à utiliser en priorité lorsque la neige est suffisamment "cohérente" pour permettre aux deux skis de garder une pression égale.

  • Elle permet une transition fluide et efficace, avec un bon contrôle de l'équilibre tout au long du mouvement. C’est la méthode qui favorise le confort et la stabilité, en minimisant les déséquilibres dans la poudreuse.

Utiliser le Super Mouvement Fantôme (SMF) lorsque le ski extérieur reste attrapé dans la neige :

Utiliser le Super Mouvement Fantôme (SMF) lorsque le ski extérieur reste attrapé dans la neige :

  • Dans certaines situations, particulièrement si la neige est plus épaisse ou offre une résistance imprévue, le ski extérieur peut rester "coincé" ou avoir du mal à être libéré.

  • Dans ce cas, le Super Mouvement Fantôme est une solution efficace, car il demande une libération plus active et prononcée, souvent nécessaire pour "arracher" le ski de la neige sans compromettre l’équilibre du skieur.

  • Le SMF permet de rétablir rapidement la fluidité et d'engager le virage suivant même si la neige présente une résistance inattendue.

Cela vous permet de maintenir une descente stable et contrôlée, quelles que soient les variations des conditions de neige en poudreuse, maximisant ainsi votre efficacité et votre plaisir sur ce type de terrain.

La flexion des jambes

Une fois sur les champs de poudreuse, fléchissez les jambes pour absorber la bosse créée par la neige accumulée sous les skis en fin de virage et ramenez vos skis à la surface en commençant par la jambe extérieure (jambe du bas en fin de virage). Cette flexion sera plus ou moins profonde en fonction de l’épaisseur de neige. Ensuite, simultanément, diminuez l’angle (aplatissez) du ski de support (ski extérieur) - ski du bas - et inclinez ce ski vers la carre externe (côté petit orteil) et les skis flotteront entre les virages.


Votre corps, plus précisément votre centre de gravité suivra ces mouvements, en revenant, depuis l’intérieur de la précédente courbe, au-dessus de vos skis vers l’intérieur de la courbe suivante permettant des transitions fluides et sans efforts inutiles.

Le flottement

Ce n'est pas vraiment une technique mais plutôt un endroit entre la libération et l’engagement des skis. C’est comme une pause dans l’inclinaison du pied libre - le pied droit à la fin d’un virage à gauche libère le ski extérieur et devient le ski libre/ski intérieur.


Cette action ou plutôt inaction temporaire vous fait sentir comme suspendu dans les airs.  C’est un moment de calme entre les virages où les skis, étant à plat, semblent presque flotter à la surface de la neige. Cette sensation de calme et de légèreté est en effet particulièrement utile en poudreuse, car elle permet aux skis de trouver un équilibre sans être en pression dans une direction trop précise et de brusquer le virage, tout en permettant au skieur de ressentir la neige sous ses pieds. Cela aide à maintenir une fluidité naturelle et une meilleure gestion de la pression entre les virages, surtout dans des conditions où la neige est plus instable et demande une adaptation constante.


Utilisé en poudreuse mais aussi dans la technique générale du ski. C’est le secret du contrôle sur tout type de neige.

Planté de bâton stabilisateur

Il est important d’être prêt pour le planté de bâton stabilisateur avant la libération. Un planté de bâton stabilisateur permet de maintenir le haut du corps sous contrôle et de prévenir sa rotation non désirée. Cet élément est essentiel pour rester en équilibre dans toutes les conditions mais surtout dans la poudreuse. Un planté de bâton tardif qui entraîne les épaules et le buste en rotation à la fin du virage vous mettra en difficulté dans la poudreuse.

Mouvements de CounterActing

Bien que ce mouvement ne soit pas spécifique à la poudreuse mais faisant partie de la technique générale, l'utilisation de mouvements de counteracting développés dans le virages parallèles et la section “essentiel en intérieur - essentiel n°4” est déterminante pour maintenir votre équilibre et bien skier en poudreuse. Le CounterActing : tourner le buste (depuis le bassin jusqu’à la tête) à l’opposé de la direction du virage. Orientez votre buste vers la droite quand vous faites un virage vers la gauche. Il s’agit d’une question de direction, vous ne devez pas chercher à avoir votre buste face au bas de la pente à 90° par rapport à vos skis qui seraient perpendiculaires à la piste en fin de virage. Je vous recommande de chercher à orienter le bas de votre fermeture éclair de la veste vers la chaussure de votre pied extérieur ou pied du bas depuis le milieu jusqu’à la fin du virage.

Besoin d’élan

Le ski en poudreuse a besoin d’élan. Contrairement à la neige damée où nous cherchons plus à se ralentir grâce à la forme de nos virages, en poudreuse nous avons plus besoin d'atteindre une certaine vitesse pour avoir la flottaison et la réactivité nécessaire au fonctionnement des skis dans la neige, comme un avion qui a besoin d’une certaine vitesse pour décoller.

Être mesuré et patient

Mesuré dans l’inclinaison latérale des skis (l’inclinaison latérale des pieds) car la neige molle ou plus fluide comme la poudreuse n’offre pas autant de résistance que la neige damée et vous pourriez facilement donner trop d’angle à vos skis et vous déstabiliser. Soyez mesuré aussi dans l’action de déplier la jambe extérieure pour ne pas avoir un ski qui s’enfonce trop rapidement par rapport à l’autre.


Soyez patient que la neige s’accumule sous les skis afin d’avoir une densité suffisante pour que cela crée un changement de direction. Dans certains cas (différence de neige, mauvais timing ou besoin rapide de tourner), il est nécessaire de chercher à créer un changement de direction rapide en étendant les jambes dans la neige - un fois les skis inclinés et tout en gardant une plus dépliée que l’autre - pour accélérer l’accumulation de neige et obtenir un virage plus immédiat.

En résumé, il vous faut un bon contrôle de vos skis, une coordination entre le haut et le bas du corps, des mouvements de flexion et des libérations efficaces pour skier en poudreuse de manière réussie.


*(Textes de référence, livre "Anyone can be an expert 2" de Harald Harb)

Erreurs communes

Voici une liste des erreurs ou réflexes non productif le plus souvent observés en poudreuse qui peuvent être améliorés avec de la pratique, Appui en arrière, manque de flexion à la transition pour faire remonter les skis, skis trop écartés, ouverture stem (les skis qui convergent) en début de virage.

Comment les corriger ?

Position en arrière

Cela survient souvent par manque de confiance ou bien des skis trop courts. Pour acquérir plus de confiance et de justesse technique, je vous recommande de maîtriser les virages parallèles sans rotation du buste et sans ouverture stem ou grande rotation des pieds. Pour les skis je vous renvoie au chapitre suivant.

Manque de flexion à la transition

Sans une flexion/rétraction appropriée des jambes dans un ordre et à un moment précis, vos skis ne remonteront pas suffisamment à la surface, ce qui rendra les virages plus difficiles. La flexion est un mouvement essentiel du système PMTS que j’utilise et enseigne. Il ne s’agit pas de la flexion/extension dont on entend souvent parler.


Pour comprendre et pratiquer ces mouvements depuis chez vous, je vous recommande le contenu de la catégorie “Les mouvements essentiels en intérieur”.

Il y en a 5, tous sont nécessaires. L’essentiel n°2 traite des flexions. Il y a aussi la combinaison des mouvements essentiels qui permettent d’intégrer la flexion avec les autres mouvements, notamment dans les situations de bosses et de poudreuse. Tous les contenus de la plateforme concernant la libération des skis détaillent ce mouvement avec précision.

Skis trop écartés

En poudreuse, les skis doivent rester proches pour créer une plateforme stable. Proche sur le plan horizontal. En poudreuse, neige trafollée (déjà skié par plusieurs skieurs) les skis n’auront qu’une envie c’est de se séparer, particulièrement le ski intérieur à la courbe (ski gauche quand on tourne à gauche), il voudra se séparer du ski extérieur (ski de support). Il faudra donc faire l’effort de garder le pied libre (pied intérieur) proche du ski extérieur, aussi l’incliner vers la carre (côté petit orteil) - ce qui est plus difficile si les ski sont trop écartés - puis le garder sous votre bassin, cette gestion du pied intérieur demande un effort . Cela dit, il y aura bien une séparation verticale des skis et il faut éviter cette confusion pour bien répartir la pression sur les deux skis.


C’est pourquoi je vous recommande de vous exercer sur piste damée et de maîtriser les actions qui constituent un virage : La libération, Le transfert d’équilibre et l’engagement des skis. Ces actions contiennent les mouvements essentiels notamment la gestion de l’équilibre avant-arrière avec le pied libre que vous retrouvez en détail sur piste ici ou en intérieur ici.

Ouverture stem

Si vos skis convergent au début du virage, vous perdez l’efficacité des virages parallèles surtout dans la poudreuse ou chaque ski prendra une direction différente et il faudra beaucoup d'efforts de vos jambes pour les ramener dans la bonne direction.


Cela montre que certains mouvements peuvent encore être affinés, et travailler sur le contrôle des fondamentaux vous permettra de mieux maintenir les skis ensemble et de profiter davantage de la poudreuse. Encore une fois je vous recommande de maîtriser les virages parallèles et d’avoir une bonne base en virages courts afin d’être plus à l’aise.

Trop d’efforts des jambes

Si trop d’efforts de jambes sont nécessaires pour faire un virage c’est que vous cherchez à tourner vos skis dans la direction du virage au lieu de les incliner comme expliqué dans le paragraphe “Garder les skis au même angle” plus haut.


Ou bien que la jambe extérieure ne se déplie pas pour garder le contact avec la neige et recevoir l’équilibre comme expliqué dans le paragraphe “Libération à deux pieds avec son transfert d’équilibre progressif”. En restant fléchie elle n’a plus d’amplitude pour se plier à la libération vous maintenant ainsi dans une position “assise” fatigante, tout le temps.

Ces erreurs sont courantes, mais avec de la pratique, vous pouvez les corriger. Travailler sur ces points sur piste damée avant de vous aventurer en poudreuse vous permettra de mieux profiter de cette sensation unique de glisse. Rien ne vous empêche de faire des aller/retour entre pratique sur piste et bord de piste ou entre pistes quand les conditions le permettent.

Quels skis pour la poudreuse ?

Optez pour des skis dont les caractéristiques facilitent le ski en poudreuse : largeur plus importante pour la flottaison, type de ski freeride.


Voici ma recommandation pour les jours de neige fraîche dans le domaine skiable avec alternance piste, bord de piste et entre pistes, neige fraîche vierge + neige trafollée (neige skiée par les autres skieurs).

Pour une quantité inférieure ≤ 40cm ≈ :

  • Un ski de freeride d’une largeur au patin de 90 mm à 95 mm

  • et d’une longueur d’environ votre taille.

Voici un exemple de marque modèle que j’utilise pour ces conditions :

  • Head Kore 93 mm patin ou 99 en 184cm.

J’avais les 99 lors de notre séjour au Japon. Vous pouvez voir ces skis en œuvre lors de nos 8 jours en immersion dans plusieurs conditions de neige fraîche dans cette vidéo en cliquant ici.

Sécurité en poudreuse :
domaine skiable vs hors-piste (hors du domaine skiable)

Dans le domaine skiable

Les zones balisées et les zones entre les pistes qui ne sont pas fermées par les pisteurs offrent un environnement contrôlé et sécuritaire. Cela signifie que ces zones sont surveillées, et que les risques d'avalanche ont été évalués et, si nécessaire, réduits par les équipes de pisteurs. Si vous restez dans ces zones, vous pouvez profiter de la poudreuse avec un minimum de risques, tout en bénéficiant de l'accès à des secours organisés en cas de problème. Il est important de respecter les délimitations et de ne pas franchir les barrières ou les panneaux indiquant des zones fermées, car ces restrictions existent pour garantir votre sécurité.


Skier dans ces zones entre les pistes permet de découvrir la sensation de glisse dans la neige fraîche, tout en restant dans un cadre relativement sûr. Toutefois, il est essentiel de garder à l'esprit que ces zones, bien que sécurisées, peuvent toujours comporter des obstacles non visibles, tels que des rochers ou des souches d'arbres. C'est un excellent moyen de progresser et d'acquérir des compétences en poudreuse sans s'exposer aux dangers importants du hors-piste. Toutefois, il est essentiel de comprendre que, même si ces zones sont accessibles, leur statut peut varier selon les conditions locales et les décisions des pisteurs. Chaque station peut avoir des politiques spécifiques concernant les zones entre pistes, et il est crucial de vérifier la signalisation et de respecter les recommandations locales. Cela garantit non seulement votre sécurité, mais également celle des autres skieurs.

Hors-piste ou en dehors du domaine skiable

Skier hors du domaine skiable, c'est-à-dire en dehors des zones balisées et sécurisées, présente des risques considérables. Le hors-piste n'est pas surveillé, et les conditions de neige peuvent être très instables, augmentant significativement les risques d'avalanche, notamment sur des pentes de 30° à 45°, qui sont les plus propices aux déclenchements d'avalanches. Avant de vous aventurer en hors-piste, il est primordial de connaître et d'évaluer ces risques, et de bien comprendre la topographie du terrain.


Ne vous aventurez jamais hors-piste sans être accompagné d'un guide certifié qui connaît bien la région et sans posséder l'équipement de sécurité nécessaire (DVA - Détecteur de Victimes d'Avalanche, pelle, sonde). Il est également essentiel de savoir utiliser cet équipement. Avoir un DVA, une pelle, et une sonde sans en maîtriser l'utilisation n'apporte qu'une illusion de sécurité. Il est recommandé de suivre des formations en sécurité avalanche, telles que celles proposées par AIARE ou ANENA, pour apprendre à utiliser cet équipement, lire les bulletins météo neige et avalanche (BNA) et interpréter les conditions de neige.


L'improvisation en hors-piste peut être extrêmement dangereuse, surtout en cas d'avalanches ou de mauvaises conditions météorologiques. Le hors-piste demande non seulement des compétences techniques spécifiques, mais aussi une préparation rigoureuse et une vigilance constante.

En résumé, profitez des zones entre les pistes pour travailler votre technique en poudreuse dans un cadre sécuritaire. Si vous souhaitez vous aventurer hors-piste, ne le faites jamais sans guide et sans équipement adéquat, tout en ayant suivi une formation en sécurité avalanche. La poudreuse peut offrir des sensations uniques, mais la sécurité doit toujours être la priorité absolue.

Conclusion

Le ski en poudreuse demande du temps et de la pratique, mais chaque étape de progression rend cette expérience encore plus gratifiante. Avec une bonne maîtrise des fondamentaux, une préparation sur piste, et un matériel adapté, vous pouvez vous ouvrir à la liberté ultime qu’offre la poudreuse. Avec une pratique régulière et une progression étape par étape, chaque sortie en poudreuse deviendra plus agréable, et vous gagnerez en confiance à chaque descente.